Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 7 septembre 1890 : Il existe dans les Ardennes une sacrée trifouillée d'exploiteurs : c'est pas des patrons, c'est des vampires que les fabricants de clous d'Aiglemont, Cons la Grandville, Gespunsart et autres patelins, tiennent sous leur coupe des milliers de pauvres bougres.

Ces malheureux turbinent une bonne moyenne de 12 à 13 heures par jour pour palper au bout de la semaine 8 à 9 F. C'est-y pas horrible quand on pense qu'il faut donner la croustille à toute la famille, payer la houille, la nourriture du cabot qui tourne la roue du ventilateur.

Et dire que ces pauvres copains sont d'une docilité épastrouillante. Ils ont encore peur de déplaire à ces canailles d'exploiteurs dans la crainte de perdre un travail si peu rémunérateur.

Ah, bast, quoique çà la haine s'amasse ! Ces gens là doivent avoir un fiel à la place du coeur et le jour de la Sociale, ils ne seront pas manchots les bons bougres.