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Le Père Peinard dans les Ardennes


Réflecs hebdomadaires d'un gniaf


Le Père Peinard fait sa Une sur les grèves dans les Ardennes



Les affiches du Père Peinard pour les élections
Collection IFHS 14 AS 122/2

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Nouzon : bonne propagande

Père Peinard 9 mai 1897 : Depuis que l'appel que les copains de Nouzon ont lancé, toute la police est à cran.

Le quart-d'oeil, ayant usé toute l'huile de sa lampe à embrenner le pauvre monde, en a attrappé une maladie : il est au pieu, salement attigé et n'a pu se déranger.

A son lieu et place, le garde-champêtre s'est foutu en campagne pour enquêter, cet anima qui, - lorsqu'il travaillait dans les bagnes, - était un tantinet anarcho, est devenu un sale muffle.

Dam, c'est le métier qui veut ça !

Or donc, il s'en va chez le débitant où se tenait les réunions; la troquette était seule, il a essayé de lui tirer les vers du nez, mais il en a été pour ses frais.

« Qui a présidé la réunion du jour de Pâques ?... qui qu'à rédigé le manifeste ?... qui qu'à fait ci, qui qu'à fait ça ?... »

Au lieu de répondre à toutes ces kyrielles d'interrogations, la bonne bougresse l'a envoyé chier où il met son pain.

Mince de renseignements !

Les canulages policiers n'en ont pas été terminés par là : la semaine dernière, le copain Roger faisait à son habitude, la vente des journaux, quand le flic vient à lui annoncer que le commissaire veut le voir.

  • J'ai pas le temps, a répliqué le copain. Mes lecteurs sont impatients de lire leur journal, faut pas que je les fasse poirotter.

  • Mais le commissaire est malade; il ne peut se déranger.

  • Eh donc, il a plus besoin de voir un médecin qu'un anarchiste...Je ne veux pas lui servir d'emplâtre ou de cautère...Sur ce, bonsoir.

Va te faire foutre ! Cent mètres plus loin, c'étaient deux cognes qui accostaient le copain et qui, au nom de la loi, ont perquisitionné tout son sac, déplié les journaux un à un. Les pandores auraient voulu pratiquer cette perquisition idiote à l'abri, chez un débitant, mais Roger n'a rien voulu savoir : il a tenu à ce que ça s'opère ne pleine rue, sous le nez des bons bougres qui se gondolaient du spectacle.

  • Quoi qu'ils cherchent donc ? Se demandaient en sourdine les uns et les autres.

  • Chut, répliquaient les plus chineurs, ils cherchent la tour Eiffel que, paraît-il, on a dévissé la nuit dernière.

Enfin, la perquisition étant terminée, - sans résultats ! - Roger a pu continuer sa vente.
Mais foutre, il n'était pas encore quitte ! Cinquante mètres plus loin un maréchal-des-logis repiquait au truc de la perquisition.

Cette fois c'est en se tenant la panse pour qu'elle n'éclate pas sous leurs rigolades que les bons bougres ont assisté au tableau, - et ce qu'ils se sont foutus de la police, c'est rien de le dire !

Que voulaient-ils donc, ces bondieux de perquisitionneurs ?

Aider à la propagande ?

Si oui, ils ont réussi !

Mais, par contre, s'ils avaient l'intention de l'entraver, ils se sont fichus le doigt dans le croupion.

Ecrit par libertad, à 18:08 dans la rubrique "Les chroniques du Père Peinard".



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