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Le Père Peinard dans les Ardennes


Réflecs hebdomadaires d'un gniaf


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Nouzon : encore les bouffe-galette
Père Peinard 3 octobre 1897 : Y a déjà quèque temps, je jaspinais des conseillers cipaux de ce patelin et foutre, si aujourd'hui j'y reviens, c'est pour prouver aux bons bougres – une fois de plus – que ces merles-là veulent tirer toute la couverture de leur côté.
Tout dernièrement, un théâtre s'installait à Nouzon et, en somme, ce n'est pas trop ce qui se jouait dans ce bastringue qui pouvait aider au décrassement des ciboulots, néanmoins ça changeait les prolos qui, jusqu'à ce jour, n'avaient comme distraction que les cabarets où on débite de la sacrée poison.
Mais, bougre, les aubergistes y trouvèrent un cheveu : ce sacré théâtre était cause que leur tords-boyaux ne coulaient plus autant qu'auparavant.
Ainsi, un de ces vinassiers s'empressa-t-il de faire circuler une pétition chez ses collègues qui, pour la plupart, sont conseillers cipaux, lesquels signèrent ladite pétition avec plaisir.
Sitôt la feuille torcheculative remplie, l'initiateur, la gueule enfarinée, alla la présenter à mossieu le mâre qui fut on ne peut plus satisfait : lui aussi est bistrot !
Eh donc ! Voilà mon sieur la mâre, la papier en poche, qui à son tour s'en va quérir le directeur du théâtre et, lui collant la feuille sous le blair, le somme de décaniller dans la huitaine.
Quand le populo a appris ça, il s'est mis à renauder ferme  contre la municipalité du patelin, - mais ça n'a fait ni chaud, ni froid : y avait quand même plus de théâtre.
Dans cette affaire, les andouillard de la cipalité n'ont pas eu le nez creux et, malgré leurs promesses, - la lumière électrique et l'eau, - les habitants sont toujours sans lumière et pataugent dans la boue et le théâtre qu'ils viennent de balancer rapportait à la commune quatre vingt balles par semaine – de quoi nettoyer au moins les rues.
Ca démontre aux prolos que si la majorité des conseillers cipaux sont de bons possibilos, l'étiquette ne change en rien les gouvernants : c'est tous fripouille et compagnie !
Pour en revenir à cette sacrée lumière électrique, la balade que fit la délégation avec le directeur d'une société d'électricité, outre à Valenciennes et à Roubaix, dura huit jours pleins rien qu'à Nouzon !
Et comme d'habitude, c'est le populo qui a carmé !
 Aujourd'hui, quand les électeurs réclament la fameuse lumière, les élus les envoient chier carrément.
Et – comme c'est le cas – quand un type rapporte de la monouille à la commune, mais qu'il gène le commerce des conseillers cipaux, ceux-ci se torchant le cul de leur programme, ont vivement balancé le type en question.
Si seulement ça pouvait déboucher les électeurs et leur faire comprendre que tant qu'ils n'auront pas envoyé aux pelotes le dernier des candidats, c'est eux qui seront les dindons de la farce.
Ecrit par libertad, à 23:39 dans la rubrique "Le Père Peinard".



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