Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 18 juin 1893 : Un bon bougre de laitier me jaspine les avanies qu'un grand escogriffe de brigadier de police fait subir à tous les marchands de lait.

Sous prétexte de reluquer si leur marchandise n'est pas droguée, il les emmerde, les engueule comme un pied, et les force à venir baguenauder au bureau de police.

S'il continue, ça va lui en cuire, nom de dieu ! Il va se faire tremper une soupe... au lait, comme de juste.

Cré pétard, voilà bien les résultats de la sale organisation actuelle : le populo entretient avec sa belle galette de sales oiseaux qui n'ont d'autre occupation que d'emmerder le monde.

"C'est vrai, va me répliquer un niguedouille, pourtant  faut bien des inspecteurs qui veillent aux falsifications."

Sacré tourte, d'où viennent les falsifications ?

De ce que chacun tire à hue et à dia. De ce que le mal de l'un fait le bien de l'autre.

Penses-tu que si les marchands n'y avaient pas intérêt, ils s'amuseraient à trifouiller leurs denrées ?

Que non pas !

Or donc, au lieu de payer des roussins pour découvrir les falsifications, faut simplifier la question : chercher à prévenir les tripatouillages.

Pour ça, le seul et unique moyen est de foutre cul par dessus tête la vieille guimbarde sociale; sur ses ruines, on alignera une société où la mistoufle et les crapuleries seront inconnues, nul n'ayant profit à faire du mal à son voisin, ça ne lui viendrait même pas à l'idée.