Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 9août 1891 : Y a là-bas un nouveau quart d'oeil... et qui promet, nom de dieu !
Il est haut comme la botte d'un cogne, mais de la poigne,  - il en revendrait à son maître, Constant, le massacreur .
Ce petit morceau de commissaire n'a pas perdu son temps : il a vivement commencé par emmerder les camaros .
Il radine chez le troquet où ils ont l'habitude de se réunir entre amis, certain de pouvoir licher une chope en paix et causer sans crainte d'être mouchardés .
"Vous savez, qu'il fait au patron d'un ton pète-sec, votre boite est consignée à la troupe..."
Le troquet qui n'est pas foireux, profite illico de l'avertissement pour foutre à la rue deux sergents du 91e, de triste mémoire .
C'est pour le coup que le quart d'oeil a rogné !
Ah! nom de dieu, il rapplique furieux et ne trouvant que la bonne bougresse de femme de troquet, il lui fout une semonce !
Oh ! là là, ce qu'il en a débité ! "Je ferai fermer votre débit... et patati et patata...Si j'y réussis pas, je viendrai m'installer à une table et j'y passerai une journée entière pour chasser votre clientèle..."
Mon cochon, si j'ai un conseil à te donner, ne fais pas ça, crois moi !
Sais tu bien que les gas ont pour les salauds de ton espèce des égards que tu pourrais trouver mauvais .
C'est pas tes fonctionnaires ni tes roussins qui leur font peur .
Si tu étais assez couillon pour aller t'enquiller chez ce bon fieu de troquet, il se pourrait qu'on te fasse avaler une tournée qui ne serait pas de ton goût .
En fait de bibine, ça n'est pas de la pisse de cheval qu'on te servirait; m'est avis que si tu aimes la bière dure on t'en collerait ton soûl .
Et encore, il te faudrait abouler, car c'est sûrement pas à l'oeil qu'on te rincerait la dalle .