Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 27 septembre 1891 : Dernièrement, un patron faisait appeler ses exploités pour leur annoncer qu'il les associait à lui .
Un coup de roublard que jouait ce birbe, pour mieux faire trimer ses ouvriers .
Eux n'y ont vu que du feu, aussi ils en sautaient de joie, sans s'inquiéter s'ils ne foutaient pas un croc en jambe à leur Syndicale .
Après les avoir réunis, le singe, en compère roué, leur tint le boniment suivant : "Y a dans les Vosges des fabriquants qui font des articles à meilleur compte que nous; par exemple les balais, la brosserie...Faudra tâcher que leurs ouvriers se mettent en grève ."
Là-dessus un des prolos de répondre : "Pas la peine nous ferons la fine ouvrage qui est mieux payée, et vous enverrez la grosse dans les Vosges...Vous y gagnerez, et nous aussi."
Hein, les camaros, est-il chouette ce raisonnement d'ouvrier .
Il a à peine mis le pied dans l'étrier du patronat qu'il se fout des pauvres bougres : dans les Vosges, les malheureux triment pire que des moricauds et crèvent tout de même la faim, - il s'en bat l'oeil, pourvu que son gousset s'emplisse !
Et dire que cet oiseau est une recrue de Clément, candidat aux dernières élections municipales .
Brouh ! Pour rien au monde je ne voudrais vivre dans un patelin ou y aurait de pareils mossieux comme grosses légumes - il n'y ferait pas bon !