Le Père Peinard dans les Ardennes

Le père Peinard 5 mai 1891  : Angecourt . En plus d'être maire, l'animal en question est patron : c'est dire que c'est un sale réac . L'autre lundi, à la tombée de la nuit, une bande de jeunes gas ont fait le tour du patelin en chantant la Carmagnole . Eh, foutre! Faut bien que jeunesse s'amuse ! A bibi, ça lui fout une sacrée joie de voir les fistons s'amuser de cette manière; nom de dieu, j'aime bougrement mieux qu'ils gueulent de chouettes machines, que les goualantes idiotes qu'on serine aux coins des rues . Tonnerre, le maire n'en rigole pas, lui! Aussi le lendemain il fout son garde-champêtre aux trousses des gas; histoire de leur laver la tête à la mairie . Oh, ils y ont été ! Mais sacré pétard, ils ne se sont pas laissé monter le bourrichon . Ils se sont payés la fiole du maire hurfement : chaque fois que le type voulait placer un mot, un copain lui coupait la chique . Pour en finir, il les a renvoyés en leur défendant de chanter la Carmagnole . Pas besoin de dire que les fistons se foutent de la défense autant que d'une merde de chien . Nom de dieu, si je savais ousqu'ils perchent les bons fieus, je leur enverrais une série de chansons ( à l'oeil turellement ), pour qu'ils puissent varier leur répertoire . Et foutre encore plus en rage, mossieu le mâre .