Le Père Peinard dans les Ardennes

Le Père Peinard 23 août 1891 : Dès qu'un jean-foutre a réussi à s'enquiller dans une place, y a pas de trucs qu'il n'emploie pour emplir ses poches .
Le salaud gratte de cinquante mille façons !
Pour ce qui est de ses amis il les favorise le plus qu'il peut .
Tout ça, c'est toujours au dépens du populo, qui bonne bête, se laisse manger par cette vermine .
Le maire de ...Charleville ne fait pas exception à la règle . Il est même bougrement plus merdeux que ses copains !
A preuve, c'est qu'il vient de prendre un arrêté interdisant de vider les chiottes par tout autre moyen que celui employé par la compagnie "l'Union des cultivateurs" .
Pas besoin de vous dire, les camaros, qu'il a des actions dans cette sacrée compagnie!
Par ce monopole, le cochon fait du tort à un tas de bons bougres qui la nuit gagnaient de quoi nourrir  leurs mioches .
Ah bien, c'est pas ça qui le tracasse !
Tous les ouvriers de Charleville peuvent bien crever de famine, pourvu que le coffre-fort du merdeux s'emplisse, t a pas de pêt !
D'ailleurs, si les bons prolos voulaient se rebiffer, les sergots, anciens et nouveaux sont là pour un coup !
Oh là là, c'est pas eux qui se feraient prier pour assommer des ouvriers .
Y aurait aussi le "beau régiment" comme disent les bourgeois : le 91e biffin...
Tout de même voilà ousqu'on en est, pour l'instant : il est  interdit aux bons bougres de Charleville de vider les tinettes à leur fantaisie .
Ohé ! Monsieur le Maire de ...l'endroit, peut-on les emplir à notre goût ?...Si, oui, oup !Piquez une tête dedans ..."