Le Père Peinard dans les Ardennes

Le Père Peinard  17 janvier 1892 : Il y a quelques semaines c'était dans le patelin un flon-flon de trompettes à faire aboyer dix mille cabots.

"Quoi qu'il y a donc, qu'on se disait, c'est y Constans le Massacreur qui vient reluquer nos trombines ?..."

C'était pas ça, heureusement. C'était les sauveteurs qui se foutaient en troupeau pour voir décorer un héros du 1er Mai. Oui, nom de dieu! Comme je vous le dis : un héros du 1er Mai.

Voici ce qu'il a fait ce zéro : dans la bagarre, mossieu le mâre et son adjoint reçurent des claques sur leurs sales museaux. Ca aurait continué par des coups de pied dans le cul, si une porte ne s'était ouverte bougrement à propos, pour permettre aux deux birbes de mettre leurs fesses à l'abri.

C'est le type qui a ouvert la porte et qui les a recueillis qu'on vient de décorer de la médaille de sauvetage. Ca valait bien ça, hein ?

Les blagueurs ajoutent qu'au moment du sauvetage, le sauveteur alla décrocher un revolver et voulut le foutre à mossieur la mâre. Et mossieu le mâre de répondre : "Remettez ça en place, car Jésus a dit : Celui qui se servira de l'épée, périra par les pets... Diantre, moi c'est la foire...."

Du coup, ça puait bougrement, nom de dieu!

Maintenant, mossieu le mâre est remis de ses émotions; l'autre jour c'est lui qui la larme à l'œil, a attaché la croix à son sauveteur. On s'est ensuite frotté les museaux. C'était très beau!

Autre chose, il se souvient du 1er Mai, tellement qu'il a nommé deux sergots de plus pour protéger sa carcasse. Par exemple, il les a bien choisis, surtout un qui gardait les vaches dans son pays, maintenant il garde mossieu le mâre, il n'a pas changé de métier.