Mohon. Ateliers du chemin de fer
Le Père Peinard 23 mai 1891 : La semaine dernière, un copain cassait sa pipe au milieu de son turbin.
Comme c'était pas une rosse, les camaros de son équipe ont voulu aller tous en choeur à l'enterrement.
Nom de dieu, ils avaient compté sans le contre-coup, qui dit au chef d'atelier, en lui désignant plusieurs bons bougres : "Si ceux-là y vont, faudra leur foutre cent sous d'amende..."
Voilà qui n'est pas dans un sac ! Cent sous d'amende parce que ça ne va pas au contre-coup qu'on aille à l'enterrement d'un copain.
Bougre de rosse !
Tu n'as pas fait le même tour quand ta momie a claqué : il a fallu que tous les ouvriers se payent l'enterrement.
Il est vrai qu'elle en valait la peine : elle pesait 275 kilos.
Eh, sale birbe, c'est pas avec de l'eau claire que tu l'avais engraissée ! Foutre non, mais bien avec de la sueur d'ouvriers ! ...
Car ça n'est pas, kif kif aux hannetons, un fil à la patte qu'on leur fout.
Ah non ! mais bien une chaîne de forçat, nom de dieu !
Ils sont absolument sous la coupe des gardes-chiourmes, qui peuvent, selon leur fantaisie, faire la pluie ou le beau temps.
Vous pouvez vous en faire une idée, rien que par l'histoire d'enterrement que je viens de vous conter.
Si un contre-coup, ou quelque chose de pareil crève, on n'a pas peur de vous faire perdre du temps.
Si c'est un copain qui tourne de l'oeil, on n'accorde pas une heure à une équipe.