Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 16 août 1891
Y a un bout de temps les bons bougres de la Forge s'étaient foutu en grève.
Comme toujours, y a eu la moitié d'avachis qui se sont refoutus à la chaîne, et une cinquantaine de bons bougres sont restés sur le pavé.
Pas de danger que cette bourrique de directeur les reprenne ! Il aime mieux les faire crever de faim....
Le pire, c'est qu'il vient de donner ordre à tous ces bons fieux, d'avoir à décaniller illico de la piôle qu'ils habitent.
Sinon il saisit les pauvres meubles de famille, les frusques, les bibelots auxquels on tient, et fout tout à la rue !
C'est à lui, ces cahutes, nom de dieu !...

Ah ! la propriété, c'est une chose bougrement dégoutante : ça permet à des cochons, comme le directeur en question de foutre des familles à la rue.

Hommes, femmes, gosses, quoi que ça deviendra ?
Voilà bien le cadet de ses soucis !
De quoi ? Pourtant, si on est sur terre, c'est pour y vivre.
Si on a un ventre c'est pour l'emplir.
Les maisons sont faites pour être habitées...
Bougre de crapule ! Et dire que les camaros à qui tu fais ça, ont sué sang et eau pour amasser des millions à ces bandits de richards.
Tout de même, m'est avis que tu ferais une sale gueule, si un des gas que tu fous à la rue se rebiffait soit contre toi, ou bien contre un de tes larbins ?