Sedan. De l'huile sur le feu
Le Père Peinard 23 novembre 1890 : Il y a là-bas un chouette zigue, Baicry, un gas bougrement à la roue.
Pour lui, y a plus mèche de turbiner de son métier de mécanicien : les singes ne veulent plus rien savoir.
Qu'a-t-il fait ? Il s'est foutu colporteur, marchand de journaux.
Mille tonnerres, c'est pas pour dire, mais faudrait que dans beaucoup de patelins y ait des copains qui suivent cet exemple.
Un peinard à l'oeil, Baicry! Toutes les semaines, il publie une feuille qu'il tire lui-même à
l'autocopiste et qu'il donne avec les canards qu'il vend.
Pas besoin de dire, nom de dieu, que dans sa feuille, le copain engueule salement les jean-foutres du patelin : oh, il ne leur envoie pas dire leur quatre vérités, le bougre!
Turellement, ils l'ont dans le nez, et mon Baicry a tout le temps des histoires avec les marchands d'injustice.
Ainsi, pour les dernières affiches du Père Peinard, le commissaire lui a foutu le grappin dessus. Ce que les roussins rigolaient, de voir le zigue radiner au violon!
Bernique! Ils avaient compté les oeufs au cul de la poule... mais, ils n'ont fait que ça, nom de dieu.
Ils ont du le relâcher, car ils n'ont pu dégotter dans tous leurs bouquins légaux, un prétexte pour le garder.
Ah, les couillons de jean-foutres, ils ne voient pas que leurs saloperies se tournent contre eux!
C'est de l'huile qu'ils foutent sur le feu, nom de dieu!
Pour cette affiche le commissaire lui a foutu le gappin dessus
Collection IFHS 14 AS 122/2 La feuille de Baicry à l'autocopiste
Archives départementales de Meurthe et Moselle 2 U 1263