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Mohon : babillarde d'un forçat des ateliers de la Compagnie de l'Est

Père Peinard 26 octobre 1890 : Mon vieux Peinard,

Je travaille en qualité de manoeuvre dans le bagne de la Compagnie et je gagne 3 F par jour pour 10 heures d'un turbin pénible. Quand on a buché 10 heures sous l'oeil d'un garde-chiourme et d'un contre-coup qui gueule comme une baleine, on est content de rentrer chez soi pour avaler un plat de canadas.

Le lendemain on recommence cette vie de galérien et ainsi de suite, jusqu'au moment ou devenu trop vieux on vous fout dehors , comme ne produisant plus assez pour emplir les coffre-forts des actionnaires. Si on a un service de 18 à 30 ans, on vous donne un petit os à ronger : mais foutre, c'est pas un os à moelle ! Y a pas gors avec leur pension qui varie entre 8 sous et 19 sous par jour.

Parlons un peu du travail qui se fait dans ce bagne : aux Forges on sue sang et eau, la journée des forgerons varie de 4 F à 5 F 75, celle des frappeurs est de 3 F 25, défense de quitter l'enclume où ils sont rivés, défense de fumer ou 2 F d'amende. Il faut être là 5 heures attachés à la chaine, avec sur le poil une sale engeance de contre-coup et de chef d'atelier, mauvaise graine que ces types-là; çà devrait être mis dans l'impossibilité de nuire !

Aux forges le travail se fait aux pièces et on donne aux forgerons le droit de monter à 40 du cent, c'est à dire que pour une journée, un frappeur peut faire un bono de 18 ou 25 sous : faut pas faire plus, bon dieu ! sans quoi gare au rasoir, le contre-coup ne se gène pas pour vous raboter : "Dites donc vous, qu'il fait, la commande presse, il me les faut pour tel jour..." Ah, nom de dieu, on baisse la tête, on accepte les diminutions !

Voilà, c'est la faim qui nous discipline. Et dire que pas un ne fout un gnon dans la gueule à ce vieux salop. Ah, patience ! La haine que nous avons au coeur éclatera un jour et gare aux exploiteurs et à leurs chiens de garde.

Un forçat des ateliers de la Compagnie de l'Est.

Ecrit par libertad, à 22:19 dans la rubrique "Les chroniques du Père Peinard".



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