Vrigne aux Bois. Singe rossé
Le Père Peinard 12 avril 1891 : Y a des gas pas manchots dans les Ardennes, foutre que non!
Pour preuve : la tatouille carabinée qu'a reçu le fils à Camion, un sacré singe de Vrigne aux Bois.
Des bons bougres du patelin en rigolent comme des petites baleines!
Figurerz-vous, les camerluches, que cet avorton fait son malin comme une arsouille. Il vaut mener les ouvriers par le bout du nez...Oh là là! Si on lui tordait le sien, il en pisserait du lait.
L'autre jour, un camaro rapplique comme à l'habitude, pour commencer sa journée.
Parait que la veille il avait lichaillé quelques chopes. Quoi de drôle à ça, nom de dieu ? Pour oublier un petiot peu les emmerdements qu'on endure, les pauvres bougres, on n'a pas d'autres ressources que de téter une goutte!
Le contre-coup agrippe le gas en question, et lui défend, par ordre du fils du singe, de commencer sa journée avant huit heures.
Là dessus, le camaro serre les poings, et s'en va trouver le morveux : "
Tu ne veux pas que je commence avant huit heures, nom de dieu ?...-
Non! que répond le cochon.
- Eh bien, je commence de suite, nom de dieu! ...". Et sans plus de façons, le copain lui fout son poing sur la gueule.
Le singe arrive au secours de son rejeton, mais va te faire foutre! Il reçoit sur la trogne une baffe à en voir six douzaines de chandelles...
Les cognes s'amènent, notre gas en agrippe un par la panse et le fout trois fois par terre, comme une charogne...
Jusqu'au garde particulier du singe qui a dû s'en mêler, nom de dieu!
Si bien qu'à tant de salops qu'ils étaient sur lui, ils ont pu le menotter et on l'a conduit à Sedan. Mais foutre, ça n'a pas été sans peine.
Eh, nom d'une bombe, si dans chaque bagne y avait un ou deux zigues de cette trempe, les patrons et les contre-coups baisseraient bougrement le caquet!
Camion frères sortie des ateliers