Le Père Peinard dans les Ardennes

Le Père Peinard 20 septembre 1891 : Un bon fieu m'en envoie de rigolboches sur un brigadier de police du patelin.

Ce sale oiseau, quand il n'a pu tarabuster des pauvres bougres se revenche sur sa femme. Il lui fout des tatouilles abominables, nom de dieu!

Et ça en plein jour et, comme de juste à propos de bottes; la dernière tripotée qu'elle a reçue était encore plus fadée que les autres, elle gueulait au secours de toutes ses forces, et tout le monde de s'amasser dans la rue.

Le temps qu'il laisse sa femme tranquille, il l'emploie à vendre du vin : malheur à ceux qui ne veulent pas lui en acheter!

C'est ainsi qu'une bonne bougresse qui tient un caboulot, s'est vu foutre un procès sur l'échine, parce qu'elle avait refusé de sa vinasse.

Bédam, il a la loi de son côté, et comme tous les charognards, il en abuse!

Le birbe est dans les mœurs, aussi c'est à dire que les mœurs, c'est pas ça qui l'étouffe!

Il fait passer les filles à la visite; mais avec lui, comme avec le ciel, y a des accommodements : celles qui sont gentilles n'ont qu'à l'être jusqu'au bout...

A propos d'amour, y a une histoire très raide sur le compte du roussin : y a quelques temps, il fut obligé de faire des excuses publiques à un bon bougre à qui il avait envoyé un petit poulet lui donnant un rendez-vous.

J'insiste pas! ... Vous voyez le tableau, les camaros. Si le roussin ne s'était pas aplati comme une punaise, il te l'escrabouillait pire qu'une merde.

Quel riche mossieu, hein! Il frime déjà bien en brigadier; quoique ça, le mâre ne ferait pas mal de le galonner davantage : le salopard en est bougrement digne!