Réflecs hebdomadaires d'un gniaf
Le Père Peinard fait sa Une sur les grèves dans les Ardennes
Les affiches du Père Peinard pour les élections
Collection IFHS 14 AS 122/2
Les bonnes pages
Messages
Emile Pouget le rédacteur
Recherche
Session
Charleville : Les grèves
Le Père Peinard 20 décembre 1891 : J'ai juste eu le temps la semaine dernière de dire deux mots de la grève de chez Corneau.
D'abord, les camaros, faut que je vous dise que Corneau est le bouffe-galette du patelin : député et patron, le birbe est complet.
Patron ? Il l'est sans l'être...Le bagne n'est plus à lui. C'est deux de ses neveux qui le font marcher, - c'est tout comme, nom de dieu ! d'ailleurs on dit toujours"le bagne à Corneau !"
Pour ce qui est de ses neveux, ils sont radicaux et cléricaux, tout ensemble. C'est une salade, kif-kif celle de l'alliance russe.
Comme exploiteurs, y a guère mieux, cré tonnerre ! Deville est président du syndicat patronal, Paillette est un arrogant qui regarde un ouvrier moins que son chien. Et mille dieux, ils s'y entendent à foutre en bouteilles la sueur des ouvriers.
C'est eux qui ont fait la grève : ils ont voulu ratiboiser les salaires, et ils ont fermé leur boîte, croyant intimider les ouvriers.
Ils se sont foutu le doigt dans l'oeil jusqu'au nombil.
Les bons bougres ne veulent reprendre le tavail que sur l'ancien tarif.
Ils veulent qu'il n'y ait pas de victimes, nom de dieu ! faut que tous rentrent.
Autre chose, ils n'enverront pas de délégations : les exploiteurs se dérangeront s'ils veulent.
Ce n'est pas bête du tout : ces trucs de délégations vers les patrons, mauvais foufbi. Il est bie rare que les ouvriers envoyés ne se laissent pas emberlificotter, soit que les singes les épatent par leurs belles manières, soit qu'ils les pelotent en leur faisant espérer un petit profit personnel.