Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 13 septembre 1891 : Le trois courant passait dans la ville le 128e, le beau régiment des bourgeois de Givet .
Quelle débâcle, malheur ! Les pioupious tombaient comme des mouches, les voitures d'ambulance étaient bondées .
C'était à tel point qu'il a fallu réquisitionner des voitures, et même aller chercher celles des dragons du dépôt de Villers Semeuse .
Il est vrai qu'il faisait une chaleur à cuire les oeufs dans le ventre des poules .
Le populo, toujours bon enfant, ne se souvenait déjà plus l'essayage du fusil Lebel, inauguré à Fourmies : les femmes apportaient du café, de la bière .
Mais les chefs ne voulaient rien savoir, cette sympathie les faisait rogner : "les hommes n'ont besoin de rien!..." qu'ils ronchonnaient . Eh oui, parce qu'ils ne trimballent pas l'as de carreau, et qu'ils ont la pense bien garnie, ils se figurent que les troubades n'ont besoin de rien .
C'est toujours le même raisonnement des richards : quand ils ont bien bu et bien mangé, le populo doit être rassasié...
Et dire qu'on est gobeur et qu'on se laisse empaumer à ces flaflas militaires !
On se mire dans le casque d'un dragon, et on tombe en arrêt la gueule ouverte devant un canon .
Nom de dieu, on devrait pourtant bien se dire que tous ces engins sont contre nous .