Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 7 juillet 1898 : Dans les Ardennes, y a une chiée de bons bougres qui en pincent pour la Sociale. Seulement les gars sont encore embrenés de politicaillerie et ils comptent trop sur l'Etat et pas assez sur eux-même.

Qu'arrive-t-il ? C'est que les fistons négligent de faire la guerre aux patrons qui, ne sentant pas de résistance, serrent la vis et augmentent l'exploitation.

C'est ce qui arrive dans la maudite fonderie d'un galeux nommé Gustin : à peine si, dans ce bagne, les prolos palpent de quoi bouffer, tout en étant salement canulés. Pour le seconder, le singe a un triste sac-à-mistoufle, "Patte de Canard" qui ne se gène pas pour fermer la porte au nez d'un ouvrier en retard de deux minutes.

Outre l'exploitation directe, le galeux a trouvé un joint pour rempocher une part du pognon qu'il aboule à ses nègres blancs : il a installé une cantine et ceux qui veulent se désaltérer doivent s'y abreuver.

Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les gas filent doux et ne rouspètent que dans les doigts de pieds : ils se laissent gruger... et l'exploiteur en profite !

Attendre le coup de chien final sans rien faire est un mauvais moyen de hâter le mouvement : d'ici que nous soyons assez costauds pour supprimer l'exploitation il ne faut pas négliger de la rogner tant et plus.

Que les bons bougres se le disent - et ils s'en trouveront mieux !