Le Père Peinard dans les Ardennes

Le père Peinard 31 mai 1891 : Un patron c'est déjà une sale bourrique.

Mais c'est pire qu'une bourrique, si l'animal va à messe et vêpres !

Et quasiment tous font les bigots, nom de dieu ! Ils savent bien que la religion est un abrutissoir épastrouilland.

Tant que le populo saura le chemin de l'église, bernique pour beurrer notre pauvre existence !

Les salauds voient le coup et ils tiennent bougrement la main à ce qu'on continue à s'abrutir.

C'est ainsi qu'à Cons, un petiot patelin des Ardennes, un sale mufle d'exploiteur, qui fait la sainte-nitouche, et avale Gaspard sans confession, vient de faire une crapulerie à six bons bougres.

Le 23 du mois, ils ont eu le toupet de se syndiquer.

Y a une loi qui permet ça aux ouvriers : mais les lois, comme chacun sait, ça n'est que de la poudre aux yeux qu'on nous fout.

En vérité c'est défendu de nous syndiquer.

C'est si bien défendu que le 25 au matin, ils ont reçu une enveloppe.

Dedans y avait une lettre du cochon qui leur foutait leur sac pour le 1er juin !

Ca n'est pas tout, nom de dieu ! Pour éviter qu'il vienne à l'idée d'autres bons bougres de repiquer au truc des camaros, il vient de fonder un syndicat mixte

C'est à dire que c'est lui qui fera la pluie et le beau temps, et qui s'occupera des intérêts de ses ouvriers.

Vingt dieux, ils vont être comme des coqs en pâte les types maintenant.

Eh, les ménagères, vos hommes vont engraisser : élargissez les culottes !