Mohon : sale contre-coup
Père Peinard 1er novembre 1891 : Les bons bougres n'ont peut-être pas oublié ce loufoque à qui j'ai déjà tanné le cuir plus d'une fois.
Toujours pareil, le sacré birbe ! Il ne rate pas une mistoufle à faire à un ouvrier.
Ainsi l'autre jour, il gueulait comme une bourrique qu'il est, m'écrivent une floppée de jardiniers.
"Mossieu Als que braillait Cadot, faut foutre à l'amende ces deux trainards de frappeurs; ils ont cinq heures d'absence sans permission : on les affichera, y faut un exemple ..."
Aïe donc, nom de dieu, pif, paf ! les amendes, ça pleut sur les pauvres bougres.
Si le vieux salaud, échappé de Prémontré, avait toujours suivi la consigne il n'aurait pas aujourd'hui la cervelle attaquée.
D'ailleurs, y a moyen de moyenner avec sa sacrée consigne, mille bombes. Y a pour le moins une demi-douzaine de poids et autant de mesures.
Ainsi, le Cadot, dis-moi donc pourquoi le prolo qui a bêché ton jardin, et qui a quarante heures d'absence, n'étrenne pas, comme ceux qui ne te lèchent pas le cul ?
Et ceux qui sont assez pochetées pour te donner des lapins, des brochets, des oies, des canards, des poules, que tu te fous dans la panse, sans dire ouf ?
Oh, pour ceux-là, ya pas d'amendes, nom de dieu ! Si quelquefois tu sévis contre ces manne quins, c'est pour la frime.
Ah malheur de malheur, y a tellement de dégoutation par le temps qui court, que ça vous fait chier des lames de rasoir !
Dire qu'en plus de se laisser exploiter comme des esclaves, y a des pauvres bougres assez bouchés pour engraisser leur contre-coup !
C'est aux copains qui sont à la roue de gueuler contre ça. Pour ce qui est de Cadot, il n'a pas fini de rire. Ya par là-bas, une trifouillée de bons bêcheurs qui t'offrent leurs services, en veux-tu tête à massacre ?...Crains rien, c'est pas ton jardin qu'ils bêcheront.