Le Père Peinard dans les Ardennes

Père Peinard 3 janvier 1892 : La grève de Nouzon va toujours son petit bonhomme de chemin. Les chambres syndicales avaient décidé de faire une manifestance pour empêcher les lâcheurs qui ont repris le turbin de continuer à masser. C'est lundi à deux heures que la manifestance a eu lieu : sur la route de la Cachette ousqu'est situé le bagne, y avait du populo en quantité. Mais y avait aussi des cognes, nom de dieu ! On aurait dit qu'on avait fait radiner toutes les hirondelles de potence de France et d'Algérie. Et c'est pas tout mille bombes !
Voila qu'il rapplique un détachement du 91 ème biffin de Charleville. Et le populo de gueuler en choeur : "Vive l'armée". C'était y pour dire qu'ils aimaient l'armée, que les bons bougres gueulaient à perdre haleine ? Non foutre !
Leur cri de "Vive l'armée !" avait une autre signifiance : ils voulaient dire par là : que les troubades sont les fistons du populo, qu'ils doivent pas se faire les larbins des richards.
S'il en était autrement ce serait triste ! Eh quoi on oublierait les Fourmies ? Mais non les nouzonnais n'en sont pas là : quoiqu'ils se laissent trop emberlificoter par les socialos à la manque, c'est des chouettes zigues.