Le Père Peinard dans les Ardennes

Le Père Peinard 30 août 1891 : Un bon bougre de ce patelin m'envoie une babillarde où il me raconte la triste fin d'un pauvre troubade. Le gas qui servait au 3ème zouave, était revenu en permission de convalescence depuis un bout de temps. Une sacrée maladie qu'il avait du attraper à la caserne, nom de dieu!
Des avaros de ce calibre, il vous en tombe sur le coin de la gueule, aussi facilement que des punitions. Mais c'est pas là la question : pour s'amasser quelques ronds pour repartir, il s'était embauché à draguer de la grève dans la rivière d'Aisne.
C'est pour une vieille ratière, une veuve qu'il buchait, et dur foutre. Cette chamelle, afin d'économiser quelques sous, utilisa une mauvaise perche que son prédécesseur avait foutu au rencart. La perche cassa et patapouf! Le troubade tomba à l'eau et n'en fut retiré que mort. Croyez-vous que çà a émotionné la vieille bourrique d'exploiteuse. Ah, ouat, y a pas de pet que le sang lui tourne, celle-là!
Quand on ramena le maccabé dans la cour, elle ne daigna seulement pas prêter un drap ou une couverture : c'est empaqueté dans les bâches crasseuses qu'on dut le transporter chez ses parents.