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Le Père Peinard dans les Ardennes


Réflecs hebdomadaires d'un gniaf


Le Père Peinard fait sa Une sur les grèves dans les Ardennes



Les affiches du Père Peinard pour les élections
Collection IFHS 14 AS 122/2

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Revin. Crapulerie patronale
Le Père Peinard 25 janvier 1891 : Les patrons sont les maîtres de leurs ouvriers : ils nous tiennent dans leurs pattes et peuvent nous mener à leur fantaisie.
C'est ainsi, nom de dieu! Et ça sera ainsi tant qu'on ne leur aura pas cassé la margoulette pour de bon.
Tous les biais qu'on pourra dégotter pour les museler un brin, ne seront que de la roustissure* : les singes, ça s'écrabouille, - ça ne se musèle pas, nom d'un pétard!
Ainsi, on fait bougrement du fouan avec les conseils de prud'hommes : à bien reluquer, ça ne vaut pas un pet de lapin.
Pour preuve, les camerluches, ce qui vient de se passer à Revin : ces temps derniers, une floppée de bons bougres qui turbinaient chez Martin, une rosse, patron d'une grande fonderie, étant en chamaillerie avec lui, eurent l'aplomb de l'appeler aux prud'hommes!
"Moi aux prud'hommes! que se dit l'animal; les prud'hommes je les ai quèque part. Je vais le prouver à ces bougres-là!".
Pour prouver à ses ouvriers qu'il s'en foutait, pigez de quelle crapulerie il accoucha : le lundi 5 janvier, avant d'aller aux prud'hommes, le chameau fit coller sur les murs de son bagne le fourbi suivant :
"AVIS - M. Martin prévient ses ouvriers que, s'il est obligé de payer quelque somme que ce soit aux mouleurs qui le font aller aux prud'hommes, il sera donné les huit jours à tout le personnel et l'usine fermée jusqu'à ce qu'il lui conviendra de la remettre en activité."
C'était chouettement pataraphé , avec le cachet de la boîte dans le bas, ousqu'il y a imprimé : "Nestor Martin, fonderie, Revin (Ardennes françaises)."
Au prud'hommes son affaire ne fit pas un pli, le salop avait tellement tort qu'il fut condamné en deux temps trois mouvements.
Aussi, le lendemain, nouvelle affiche à la clé; reluquez nom de dieu!
"AVIS - L'usine sera fermée jeudi 15 courant : la paie aura lieu le vendredi 16 courant; annonce faite par une affiche posée sur la porte d'entrée au vitrage, ce jour 6 janvier."
Et qui fut dit fut fait, nom de dieu, cette crapule de Martin foutait la clé sous la porte.
Mais il avait le trac tout de même, il craignait qu'on ne lui tannât la peau d'une sacrée façon : il l'aurait pas eu volée, foutre! Aussi pour éviter ça, il se carapata dare dare en Belgique, son patelin.

Et, vingt dieux qu'on vienne donc encore nous seriner avec les prud'hommes!
Y a pas plus à compter sur cette bricole que sur une planche pourrie : il suffit d'un singe qui la trouve mauvaise, pour que tout ce qu'ils décident soit de la merde de chien.
Que tous fassent comme Martin et nous nous trouverons vivement le bec dans l'eau, nom de dieu!
Pour en revenir à ce cochon, faut vous dire, les aminches, qu'il a eu son plan en bouclant son usine.
A côté de son bagne, y a celui de Faure, dont les ouvriers sont en grève; en fermant le sien, il fout tout le patelin dans la mistoufle :
"Ah, qu'il s'est dit, mes ouvriers partagent leur soupe avec les grévistes... pas de ça! Je veux qu'ils partagent la peau!..."
Et pour que les bons bougres crèvent de famine en choeur, il a fermé son bagne.
Si encore y avait que les gas qui pâtissent de la crapulerie de ce grigou! Hélas y a les femmes, les mioches!
Ah, il se fout bien de ça! Il rigole en Belgique, de voir toute la nichée réduite à bouffer des briques à la sauce aux cailloux. Et il a choisi sa saison : c'est terrible d'avoir les tripes vides par le friot qu'il fait!
Y a pas, nom de dieu, Martin vient de commettre un crime abominable! Vous croyez qu'on va lui faire quèque chose ?
Tralala!On lui fera rien de rien! Il n'est pas singe pour des prunes : tout est permis à ces cochons-là!

L'occase était chouette pour un bouffe-galette socialo, de foutre son grain de sel dans l'affaire.
Mais les bouffe-galette socialos ont le ventre plein, maintenant : ils ont la digestion bougrement difficile, et ils se foutent du populo autant que bibi d'une décoration.
Pourtant Dumay a voulu avoir l'air de faire quèque chose; c'était d'autant plus finaud de sa part que dans les Ardennes, y a une chiée de bons bougres à qu'il faut un tantinet passer la main dans le dos.
Or donc, il a grimpé au jaspinoir de l'Aquarium. Ce qu'il a été mouche le type, c'est rien que de le dire!
Le Dumay n'a pas été féroce pour deux liards : ça s'est passé à la papa, ça pouvait d'ailleurs pas se passer autrement, nom de dieu!
"Ce dans quoi je veux fourrer le blair à Constant**, qu'il a dit, c'est dans ce fait que Martin, un belge, se fout de la décision d'un tribunal français. Je demande donc qu'on expulse ce patron belge, tout comme on a expulsé de Revin les ouvriers belges qui étaient en grève."
Constant, le Chapardeur a répliqué quatre mots : il a passé de la pommade à Martin, et turellement a déclaré que les ouvriers qu'on a expulsés l'avaient bougrement mérité.
On a voté pour la frime et tout à été fini : l'affaire était dans le sac!
Et voilà comme quoi Dumay peut maintenant se gonfler comme un paon : il peut aller faire ses épates à Revin et brailler comme une bourrique "j'ai fait mon devoir!"

Foutre, y a pas besoin d'avoir inventé le marteau à bomber les verres de lunettes, pour voir clair dans la gnolerie de Dumay.
La belle foutaise, que de réclamer l'expulsion de Martin; à quoi que ça rime, puisqu'il s'est expulsé tout seul ?
Il y est en Belgique, pas la peine de l'y envoyer, sacré andouille!
Autre chose, faut-être bouffe-galette pour pas comprendre qu'un singe se foutra toujours d'une expulsion : il a du pain sur la planche; il peut boulotter n'importe où - un pauvre bougre de turbineur, c'est une autre paire de manches!
Y a pas à tortiller, mille bombes : pour rien de rien, faut compter sur les grosses légumes. Ces jean-foutres là ne sont bons qu'à nous faire poirotter.
Malgré leurs flaflas et leurs belles paroles, jamais ils ne donneront au populo un coup de main pour les sortir du pétrin.
Et ça se comprend, nom de dieu!
Comment donc qu'ils vivraient quand nous ne serions plus dans la mistoufle ?
On ne couperait plus dans leurs montages de coups, il leur faudrait donc se foutre à masser!
Y a rien de fait, ils n'en pincent pas.

Ce qui eut été rupin, c'est quand Martin a décanillé de Revin, si les gas  s'étaient dit : "Il s'est tiré, chouette, les aminches! Des singes ? Pas besoin de cette vermine pour turbiner. A quoi donc qu'il servait le cochon qui nous lâche ?
A rabotter la grosse part de la galette; maintenant on la gardera pour nous; les mômes et les femmes s'en trouveront bougrement bien, on bouffera son soûl!..
."
Oui, mille bombes, c'eut été rupinskoff, s'ils s'étaient dit ça!
Car alors, savez-vous ce qu'il serait arrivé ?
D'un coup d'épaule les gas auraient foutu à bas le portail de l'usine, ils seraient entrés dedans et auraient dit : "Tout ça , c'est à nous tous! On va bûcher en coeur, sans contre-coups et sans singes : pour l'organisance en s'arrangeant en f (illisible) Y a toujours moyen de moyenner...."


*Duperie, escroquerie, tromperie
** ministre de l'intérieur
Ecrit par libertad, à 23:20 dans la rubrique "Les chroniques du Père Peinard".



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